vendredi 15 mars 2013

Reportage, Carte postale de Ghardaïa : La splendeur du M’zab



Pour la première fois, de jeunes journalistes, sous le couvert de « la plume touristique », ont pris l’excellente initiative — aidés en cela par Eductour — de s’en aller à la découverte de leur pays. Et ils n’en sont pas peu fiers. La preuve…
Notre randonnée continue à la rencontre de l’Algérie profonde. C’est un mercredi 31 janvier 2013. L’horloge  affiche 18h00. Le soleil  se couche sur  la capitale et la nuit étend son voile. Le  froid commence à s’installer. Nous prenons place dans un bus bien équipé affrété par l’office national algérien du tourisme (ONAT). Direction le sud du pays, dans la wilaya de Ghardaïa (tagherdayt),  distante de 600 km d’Alger. Une région réputée pour sa très belle architecture traditionnelle de type ksourien, qui a largement inspirée l’œuvre du Corbusier.  Aujourd'hui elle est devenue la capitale du M’zab.  Après treize heures de route nous arrivons enfin à destination. En  cours de chemin et malgré  la fatigue la joie au sein du groupe est au rendez-vous. Le ciel est clair, plein d’étoiles éclairant notre chemin.  Nos yeux baignent dans le romantisme ambiant. Dès qu’on quitte le nord, une terrible pression nous envahit. Celle-ci s’efface une fois le sud au bout du regard. Celui-ci est tellement vaste qu’on a l’impression que le trajet ne finira jamais. On a le sentiment que nous sommes en train de chercher une  fameuse adresse secrète. La route est totalement libre : aucun sentiment d’insécurité et de peur ne nous enveloppe. «Ceux qui disent  que  notre pays n’est pas sûr ont tort», s’est exprimé avec fierté notre consœur Fatma, en ajoutant :
« Aujourd’hui, les touristes peuvent  voyager en toute sécurité. » Le  long du voyage à travers plusieurs  régions, aucun incident ne viendra perturber notre quiétude. La route  est notre fidèle accompagnatrice. Le silence règne en maître absolu. Malgré que la route soit difficilement praticable, ce périple respire le folklore et les airs du terroir. Ambiance bon enfant sur fond de musique rétro. Une lueur rouge illuminait l’horizon, pendant que le clair de lune perdait de son éclat. Ce moment-là nous a offert une belle image, un tout autre tableau.

Le marché : tradition fidèlement respectée
Tagherdayt, sous les rayons du soleil, une vraie perle des oasis,  à commencer par ses infrastructures traditionnelles. Nous nous sommes installés à Dar El Akzam, une maison traditionnelle mozabite située dans la palmeraie d’At Izgen. et après un repos bien mérité, nous entamons notre aventure. Malgré la fatigue, le groupe des journalistes passionnés par notre beau pays ont  hâte de découvrir tous les secrets dissimulés de cette joyeuse ville. Commençons par la vieille ville. Premier contact,  le  marché (souk) où règne une animation particulière. Il grouille de monde, tout se vend, tout s’achète. Une bonne occasion de prendre la température des lieux. Ce marché est réputé pour la vente des produits traditionnels, en particulier de superbes tapis. La place du marché est entourée de boutiques. Au milieu de la placette, un rempart, constitué par des pierres, dont chaque «fraction» représente le chef de la tribu. Selon le guide Boubakir,  «ce marché est  un lieu de rencontre fort, et l’animation durera jusque tard dans la soirée». Ce qui a attiré notre attention, c’est l’application à la lettre de la loi de l’offre et la demande des  commerçants. Certes, ce lieu constitue une  agréable attraction surtout  pour les touristes intéressés par l’économie locale et la mentalité  des habitants.

Au cœur de  la vieille citadelle
Nous poursuivons notre chemin en pénétrant  au cœur de  la vieille cité. Passant par ses étroites ruelles en escaliers qui  lui confèrent un charme particulier. Chaque pierre de cette ancienne ville raconte une histoire à sa manière. Elle se souvient de tous les événements de la région. Avec fierté, le guide  nous  raconte l’histoire de sa  région : «La plupart des cités de Ghardaïa sont édifiées sur les hauteurs pour des raisons  sécuritaires et climatiques.» Après une dizaine de minutes, nous pénétrons au Souk Erahba. Le premier marché remonte au XIe siècle.  Au milieu de  celui-ci un puits construit avec des matériaux traditionnels, datant de plusieurs siècles. Sa construction confirme la solidarité au sein de cette société. Selon Boubakir, ce puits est la source principale pour l’alimentation de toutes les familles de la région. Dans cette magnifique ville, la douceur de vivre se lit dans le choix de l’architecture originale  des lieux qui nous donne une impression que nous avons changé d’époque. Les résidences sont dotées de terrasses. Une technique de construction qui n’empêche pas la pénétration du  soleil. Nous continuons notre randonnée en passant par la mosquée «El-Atik», sur les hauteurs de la ville, construite durant le XIe siècles.

Beni Izguen : Le cœur battant de la cité
Il est déjà midi. Le soleil est au zénith. Il n’y a pas une minute à perdre. Après un déjeuner délicieux  et une brève halte, nous avons pris la route, direction la ville de Beni Izguen, vallée du M’zab, réputée cité sainte de Ghardaïa. Avant d’arriver, le propriétaire de l’agence de voyages Nadher, M. Ali Zakaria, un jeune opérateur local qui milite pour promouvoir le tourisme dans sa région,  nous a donné un avant-goût. C’est un spectacle des plus séduisants qui s’offre à nos yeux éblouis, à la vue de ces ksours et ces maisons ancestrales. A l’entrée du grand portail de la ville, un guide quinquagénaire, arborant sur la tête la fameuse «araquia» et vêtu du saroual (pantalon traditionnel  de la région) nous attendait offrant un accueil des plus chaleureux. « Je suis à votre disposition », a-t-il dit. A l’intérieur l’ambiance baigne dans un cachet traditionnel. Les femmes sont vêtues de la M’lehfa, de forme rectangulaire, sans aucune couture, et retenue au niveau des épaules par des fibules « abzim », en or ou en argent. Fait particulier, même les adultes et les enfants sont  traditionnellement vêtus. Il n’y a ni riche ni pauvre, mais une communauté qui s’éclate et s’épanouit en famille. « Ici le respect de la tenue traditionnelle  est obligatoire », nous a indiqué le guide, avant qu’il nous invite à  visiter le minaret, sur les hauteurs de la ville. Nous avons escaladé cette merveilleuse cité à pieds. Ses ruelles étroites lui donnent un charme particulier. Sur place, nous dominons la ville entourée d’une muraille. Que le ciel soit bleu azur ou nuageux, ce magnifique panorama met du baume au cœur. Nous avons découvert dans cette ancestrale cité le plus beau trésor de notre voyage.
Une oasis tapissée de palmiers
Le lendemain matin. Il est 9h00. Le thermomètre affiche 30 degrés. Direction la palmeraie de Ghardaïa. Cette visite nous a permis de découvrir le système traditionnel de partage des eaux de la région du M’zab. Malgré la chaleur torride, au sein du groupe «la plume touristique», l’ambiance est bon enfant.
Le propriétaire de l’agence de voyages n’a pas cessé de nous expliquer la manière dont les habitants de la région partagent l’eau pour l’irrigation des parcelles cultivées. Ali Zakaria  nous a confié «qu’il y a un conseil chargé des eaux», ce qui assure, selon lui, «une  bonne répartition des eaux». La verdure formée par les palmeraies à favorisé une vue panoramique imprenable. Cette palmeraie est de la plus haute élégance et en phase avec le peuple mozabite.

Zelfana : Dernière halte
Nous poursuivrons  notre voyage vers Zelfana, à 65 km du chef-lieu de la wilaya. Une région réputée pour ses sources thermales. Nous sommes surpris par la grande affluence des touristes. Ses eaux chaudes nous ont soulagés du stress du trajet. La visite de cette belle ville saharienne restera ancrée dans nos mémoires. Notre séjour a pris fin, après une soirée culturelle et poétique présentée par une troupe de l’association «At bir» composée de jeunes mozabites.
Avec ses paysages à couper le souffle, sa faune exceptionnelle, ses sites  magnifiques,  la richesse de sa population et de son histoire, sans oublier une infrastructure traditionnelle remontant  à plusieurs  siècles, Ghardaïa aura ainsi séduit des millions de visiteurs.
M. A. Z.
EL MOUDJAHID

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