mardi 26 novembre 2013

ALGÉRIEDynamisme chinois et frilosité française

L'Empire du milieu gagne du terrain en Algérie, au détriment de la France. Une situation inédite qui pourrait se confirmer, à moins que les sociétés françaises ne modifient leur approche des relations avec le pays.
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Un commerçant chinois dans le quartier de Bab Ezzouar, dans la banlieue d'Alger, le 3 novembre 2009 - AFP/Fayez Nureldine
Un commerçant chinois dans le quartier de Bab Ezzouar, dans la banlieue d'Alger, le 3 novembre 2009 - AFP/Fayez Nureldine
La France n'est plus le premier fournisseur de l'Algérie. L'hexagone a perdu sa première place au profit de la Chine durant les neuf premiers mois de l'année en cours. La Chine arrive en tête avec 4,95 milliards de dollars [3,65 milliards d'euros], contre 4,7 milliards de dollars [3,46 milliards d'euros] pour la France, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des douanes algériennes, publiés samedi 16 novembre.
Pour ceux qui suivent l'évolution de l'économie algérienne, ces données ne constituent pas une surprise. Elles traduisent l'efficacité du dynamisme chinois face à la frilosité française. Quand les entreprises chinoises s'adaptent, les groupes français essayent de changer les lois algériennes, en contestant par exemple la règle des 51/49 % [introduite en 2009, cette règle exige de l'investisseur étranger l'établissement d'un partenariat avec une entreprise publique ou privée et stipule que la partie algérienne doit être majoritaire] ou en se plaignant de l'instabilité juridique.
La France est ainsi le seul pays à avoir désigné officiellement [en septembre 2010] un "Monsieur économie", en la personne de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, pour accompagner ses entreprises en Algérie. Comme si les entreprises françaises considéraient de fait l'Algérie, comme un milieu hostile dans lequel elles ne pourront pas évoluer sans protection.
L'intervention du gouvernement français
Les groupes français veulent en effet des conditions "spéciales" pour venir sur le marché algérien. On a vu l'assureur Axa négocier pendant plusieurs mois une dérogation à la règle 51/49 %, sans obtenir gain de cause. Renault a été plus chanceux, en obtenant des conditions très favorables pour implanter son usine de montage à Oran. D'autres dossiers français ont sans doute obtenu des conditions favorables en Algérie, grâce à l'intervention du gouvernement français et à la complaisance du pouvoir algérien.
Mais pendant que les sociétés françaises négocient des détails ou menacent de quitter l'Algérie si leurs conditions ne sont pas satisfaites, les Chinois se montrent discrets et pragmatiques. Sans coup de pouce flagrant de leur gouvernement, ils gagnent du terrain dans tous les secteurs. Les derniers chiffres du Cnis valident leur stratégie. La suprématie chinoise devrait se confirmer et se renforcer dans les prochains mois. 

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