samedi 30 novembre 2013

Des milliers de personnes ont défilé samedi contre le racisme, lors de manifestations organisées dans toute la France par le monde associatif et syndical, en réaction aux attaques contre la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Le principal cortège a relié dans l’après-midi à Paris la place de la République à Bastille avec, selon les organisateurs, 25.000 participants derrière la banderole «Ensemble contre le racisme».
«Il était temps de réinvestir la rue pour porter un discours fort, solidaire, collectif», a déclaré la présidente de SOS Racisme, Cindy Leoni, en tête de la marche avec les autres organisateurs (Ligue des droits de l’Homme, Ligue contre le racisme et l’antisémitisme et Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples). «La marche d’aujourd’hui doit être un point de départ» avant «d’autres formes de mobilisation».
Dans une ambiance paisible, se côtoyaient de nombreux Antillais, des francs-maçons ou encore des collectifs de sans papiers. «Olélé, Olàlà, combattre le racisme, c’est pour ça qu’on est là», chantaient les militants syndicaux à l’arrière.
Certains participants ont toutefois déploré une affluence en demi-teinte.
«Je suis déçu et n’arrive pas à comprendre pourquoi nous sommes si peu», a dit Steevy Gustave, un Antillais élu de Brétigny-sur-Orge (Essonne), à l’origine d’une pétition «France ressaisis-toi» qui a recueilli 120.000 signatures. Véronique Linares, de la Cimade, a jugé qu’il y avait «très peu» de monde «par rapport à ce qui se joue en France».
«La participation ne pouvait de toute façon qu’être insuffisante face à la gravité de la situation», a nuancé le président de la LDH, Pierre Tartakowsky. Selon lui, «le poison raciste a pénétré la société» et «il faut être plus courageux pour manifester contre le racisme aujourd’hui qu’il y a trente ans».
«Il faut savoir dire stop»
Christiane Taubira, une Guyanaise, a été insultée mi-octobre par une candidate du Front national aux municipales (suspendue depuis), puis par une adolescente en marge d’une manifestation hostile au mariage homosexuel, avant que le journal d’extrême droite Minute ne la compare à un singe en Une.
Début novembre, elle avait déploré la tiédeur des réactions, suscitant en retour de nombreuses initiatives antiracistes en ordre dispersé.
La marche de samedi a été initiée par des collectifs d’Ultramarins, ralliés par les grandes associations antiracistes qui présentent un front uni assez rare, les six grandes centrales syndicales (CFDT, CFTC, CGT, FSU, Solidaires, Unsa) et des mouvements de jeunes.
Au final, une centaine d’organisations ont signé l’appel à manifester contre un «climat nauséabond».
Thierry Lepaon (CGT) et Laurent Berger (CFDT), récemment réconciliés, ont défilé côte à côte, «rassemblés autour de valeurs fondamentales». «Quand les gens se lâchent en disant des choses horribles, eh bien il faut dire stop», a lancé Laurent Berger.
Plusieurs formations politiques, dont le Parti socialiste et le Parti de gauche, ont aussi participé à la marche. La ministre déléguée chargée de la Réussite éducative, George Pau-Langevin, seul membre du gouvernement dans le cortège, a jugé «inimaginable» pour elle, ex-présidente du Mrap, de ne pas être là.
Dans Le Monde, le dirigeant socialiste Julien Dray, un des fondateurs de SOS Racisme, a toutefois jugé que le PS n’était «pas à la pointe du combat contre les discriminations».
Ailleurs en France, des manifestations ont été organisées samedi dans plus de 80 villes de métropole et d’Outre-Mer.
Quelque 1.700 personnes ont défilé à Nantes, selon la police. Dans le centre de Toulouse, 600 personnes, d’après la même source, ont bravé dans la matinée une pluie glaciale pour «reprendre en main la République».
«Les discours de l’extrême droite sont repris, plus ou moins atténués, dilués, par des artistes, des hommes politiques, parfois sur le registre de l’humour», s’est inquiété le secrétaire général adjoint de la LDH, Jean-François Mignard, dans le cortège toulousain.
Du Vieux-Port en remontant la Canebière, le défilé marseillais qui a réuni entre 550 et 1.000 personnes, a particulièrement visé le FN, décrit par la présidente du Mrap Bouches-du-Rhône, Horiya Mekrelouf, comme le «terreau majeur sur lequel se greffe le racisme le plus abject».

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