jeudi 28 novembre 2013

MOBILISATION MARSEILLAISE POUR LE FOOTBALLEUR RETENU AU QATAR

Un jeune marseillais, Kader Sahbani, mobilise depuis plusieurs jours pour la libération du footballeur franco-algérien en conflit avec son employeur, Zahir Belounis, et de sa famille, retenus au Qatar sans ressources depuis deux ans. Une manifestation est annoncée pour vendredi 14 juin alors que le recours du joueur contre son employeur doit être évoqué devant la justice qatarie le 18 juin. Les services de l’Elysée ont été saisis du dossier, lors de la venue à Marseille de François Hollande. On attend du Président qu’il plaide pour les Belounis à la faveur de son voyage officiel à Doha les 23 et 24 juin.
Mobilisation marseillaise pour un footballeur retenu au Qatar
Zahir Belounis (photo Le Matin)
Originaire du Val-de-Marne, le franco-algérien Zahir Belounis a joué sous les couleurs des clubs de football de L’Île Rousse, Saint-Lô, La Tour-de-Trême (Suisse). En 2007, à 27 ans, il était recruté pour relancer le club qatari Al Jaish. Mission réussie : trois ans plus tard celui-ci retrouvait la 1ère division. Belounis signait alors un nouveau contrat « intéressant » pour cinq années supplémentaires. Mais à l’été 2011, Al Jaish, qui a recruté de nouveaux étrangers et ne peut en aligner plus de trois, décide de la prêter au club de 2e division, Al Markhya. Pour Zahir et les siens le cauchemar commence.

RETENUS QUASIMENT EN OTAGES


D’abord Al Jaish cesse de verser le salaire prévu au contrat, dont son exemplaire, dit-il, lui a été volé en septembre 2011 au motif d’en prendre une photocopie. En mai 2012 le club d’Al Markhya met fin au prêt et cesse de payer le complément convenu. Depuis cette date, le joueur n’a plus rien perçu. En octobre de l’an dernier il a pris un avocat, et, en février 2013, a porté le contentieux devant la justice. Ce recours légitime au Qatar un refus de visa de sortie.
« Les autorités qataries ont mis en place un système qui peut permettre aux employeurs de retenir légalement leurs employés actuels et anciens quasiment en otages, rapporte Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen Orient à Human Rights Watch, une organisation non gouvernementale qui a pris ce dossier en charge. Les gens devraient être fondamentalement libres de quitter n’importe quel pays. Les autorités qataries ont elles-mêmes le pouvoir d’arrêter des personnes qui tentent de fuir pour échapper à la justice, il n’existe donc aucune raison pour qu’elles donnent aux employeurs le pouvoir de retenir leurs employés au Qatar.»

LE CAS ZAHIR BELOUNIS N’EST PAS UNIQUE


Mobilisation marseillaise pour un footballeur retenu au Qatar
Kader Sahbani mobilise à Marseille pour sortir Zahir Belounis du Qatar. Il a remis un dossier aux services du président de la République
Le cas de Zahir Belounis n’est pas unique. « La loi qatarie n° 4 de 2009 réglemente l’entrée et la sortie des expatriés, ainsi que leur lieu de résidence et leur parrainage, précise-t-on encore à HRW. Cette loi représente la version qatarie du système du kafala ou de parrainage. Tous les travailleurs expatriés au Qatar et certains visiteurs doivent obtenir un permis de séjour fourni par un « parrain » résident, qui peut être un employeur, le père du visiteur ou la personne qui invite le visiteur grâce à son parrainage. Cependant, les « parrains » résidents peuvent empêcher les personnes parrainées de quitter le Qatar. L’article 18 stipule qu’« à l’exception des femmes parrainées par le père et des mineurs et des visiteurs qui visitent le pays pendant moins de 30 jours, les expatriés ne peuvent pas sortir de l’État temporairement ou de façon permanente à moins qu’ils ne fournissent un permis de sortie délivré par le répondant de résidence ».

Human Rights Watch a écrit aux autorités le 14 mars pour demander des éclaircissements. Elles n’ont pas réagi. « Des enquêtes distinctes menées par le Bureau de vérification national du Qatar et les vérificateurs Ernst et Young ont toutes deux conclu en 2012 qu’il n’existait aucun motif de poursuites criminelles. »

Le droit de quitter tout pays fait partie du droit à la libre circulation, garanti par l’article 27 de la Charte arabe des droits de l’homme, et par l’article 5 (ii) de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (ICERD). Le Qatar a signé les deux traités.

A nos confrères du Matin (Suisse) puis de 20 minutes, Zahir Belounis confiait ces jours derniers être à bout« J’étouffe, j’en deviens claustrophobe, j’ai envie de me taper la tête contre les murs. » 

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